Dire du mal de l’intelligence de quelqu’un : la « mauvaise parole » basée sur les comparaisons injurieuses de forme (avoir) le QI d’un(e) N en français et (mieć) IQ NGén en polonais
https://orcid.org/0009-0005-5629-3169
Université de Varsovie
t.januchta@student.uw.edu.pl
https://orcid.org/0000-0002-0633-0831
Université de Varsovie
e.pilecka@uw.edu.pl
RÉSUMÉ
Les auteurs analysent les différents aspects – syntaxiques, sémantiques et pragmatiques – de la structure (avoir) un QI de Npar / (mieć) IQ Npar(Gén) ayant une valeur d’insulte en français et en polonais, dont de nombreux exemples ont été extraits des corpus basés sur les ressources d’internet. La structure en question sert à intensifier la propriété ‘bêtise’ en mettant en scène des parangons (des exemplaires types) dont le choix est motivé, mais varie en fonction de la langue. La variation sur le plan syntaxique se réalise essentiellement à travers la multiplication des expansions, ce qui permet de surintensifier la propriété et augmente l’expressivité de l’énoncé. Du point de vue pragmatique, de telles constructions (très) élaborées ont pour but non seulement de dévaloriser la personne visée, mais aussi de créer une sorte de complicité entre le locuteur et ses lecteurs en ligne. L’étude met en lumière la créativité des énoncés en ligne et révèle des mécanismes universels de dévalorisation, tout en soulignant l’importance des contextes culturels et des stratégies discursives dans la construction de ces énoncés.
MOTS-CLÉS – Intensification, bêtise, parangon, syntaxe, sémantique, pragmatique, corpus
Insulting Someone’s Intelligence: Offensive Speech Based on Comparisons in the (avoir) le QI d’un(e) N/ (mieć) IQ NGén (avoir) le QI d’un(e) N/ (mieć) IQ NGén (‘(to have) the IQ of an N’) form in French and in Polish
SUMMARY
This article examines the syntactic, semantic, and pragmatic features of the insulting construction “(avoir) un QI de Npar” in French and “(mieć) IQ Npar(Gén)” in Polish, based on extensive data from internet corpora. The structure intensifies the attribute of stupidity through comparisons with “paragons” – typically unintelligent entities such as objects, animals, or stereotyped humans – whose selection reflects cultural conventions and varies by language. French examples often include complex noun phrase expansions and a dominant paragon, huître (‘oyster’), while Polish examples tend to be syntactically simpler but more diverse. Beyond insult, these constructions create complicity with readers through shared cultural references and irony. The study highlights how online discourse, through its asynchronous nature, fosters creativity and complex insult formulations. The analysis reveals cross-linguistic similarities in derogatory strategies and underscores the socio-pragmatic dimension of such expressions, which both reflect and shape social attitudes toward intelligence.
KEYWORDS – Intensification, stupidity, paragon, syntax, semantics, pragmatics, corpus
Introduction : objectif et méthodologie de l’étude
Les insultes, comme tout autre acte de discours, reposent sur des structures syntaxiques qui peuvent varier en fonction de la langue, du contexte et de l’intention du locuteur. L’insulte est définie par le TLFi comme « paroles ou attitude (interprétables comme) portant atteinte à l’honneur ou à la dignité de quelqu’un (marquant de l’irrespect, du mépris envers quelque chose) » et, de manière plus succincte, par le GR comme « acte ou parole qui vise à outrager ou constitue un outrage ». La loi est expresse à ce sujet : « l’injure est une parole, un écrit ou une expression de la pensée adressés à une personne dans l’intention de la blesser ou de l’offenser »[1]. Le code pénal polonais précise à l’art. 216 § 1 que « celui qui aura insulté une autre personne en sa présence ou même en son absence, mais publiquement ou avec l’intention que l’insulte atteigne cette personne, sera puni d’une amende ou d’une peine restrictive de liberté »[2].
Les expressions contenant des références à la stupidité de quelqu’un, et surtout intensifiées, sont susceptibles d’être interprétées comme des insultes. Selon Fracchiolla et Rosier (2019),
[l]e sens usuel le plus répandu du mot est celui de l’adresse des insultes à quelqu’un, c’est-à-dire lui dire des paroles grossières, des gros mots, voire l’invectiver. Ce premier sens est du côté de la personne qui profère ces paroles, avec une intention (il s’agit ici, dans la théorie des actes de langage, de la visée illocutoire). Ainsi trouve-t-on dans le commerce de nombreux dictionnaires d’insultes « et noms d’oiseaux », renvoyant à de simples noms utilisés en apostrophe ou à des syntagmes nominaux plus ou moins étendus que l’on désigne et reconnaît comme appartenant à cette catégorie (con, salopard, espèce de…, etc.). Pourtant, fondamentalement, l’insulte peut, dans un contexte spécifique, être assumée par n’importe quel mot, et c’est souvent le contexte et la manière de proférer qui fait l’insulte (ainsi limande, petit pois, blonde, manchot, fonctionnaire, etc. peuvent-ils se transformer ou non en insulte en fonction du contexte).[3]
Dans la perspective austinienne, pour que les conditions de félicité de l’insulte (c’est-à-dire de son efficacité pragmatique, afin que le destinataire comprenne le message et en éprouve un effet approprié) soient remplies, il ne suffit pas de dire littéralement que nous insultons quelqu’un, alors qu’il suffit de traiter quelqu’un de moule à gaufre, cf. Ambroise (2018 : 1). L’effet d’une insulte peut donc ne pas dépendre des moyens conventionnels ; au contraire, les méthodes non conventionnelles peuvent être efficaces dans certaines circonstances, la psychologie du destinataire du message étant importante, cf. Ambroise (2018 : 7-8).
Dans le présent article, nous nous pencherons sur une structure syntaxique apparaissant en français et en polonais – (avoir) un QI d’un(e) Npar/ (mieć) IQ Npar (Gén) – dont nous allons examiner les caractéristiques syntaxiques et sémantiques, ainsi que les conditions dans lesquelles elle revêt la valeur pragmatique d’une insulte directe ou indirecte.
Les exemples[4] sont issus des corpus accessibles sur la plateforme Sketch Engine : frTenTen20 et frTenTen23[5] pour le français et plTenTen12 et plTenTen19[6] pour le polonais. Les données quantitatives proviennent essentiellement du corpus frTenTen20 (utilisé comme référence par Januchta, 2023) et du corpus plTenTen19. Dans le corpus frTenTen20, la recherche en CQL[7] : [tag= «D.*»] [lemma=»QI»] [lemma=»de»] [tag=»D.*»] [tag=»N.*»] a fourni 904 réponses (fréquence relative : 0,05/million tokens); après élimination manuelle des bruits (c’est-à-dire des résultats non pertinents du point de vue de notre recherche), ce chiffre a diminué à un peu plus de 500. Dans le corpus plTenTen19, avec la recherche en CQL : [lemma=»IQ»] [tag=»subst:sg:gen.*»], nous avons obtenu 765 réponses (fréquence relative : 0,15/million tokens[8]), dont environ 480 résultats pertinents. Ces chiffres nous ont semblé suffisants pour tenter aussi bien une comparaison qualitative que quantitative (cette dernière, cependant, ne prend en compte que les fréquences relatives, vu la disproportion de taille entre les deux corpus).
1. Diversité des structures syntaxiques de l’insulte
L’insulte revêt souvent, sous sa forme langagière (car c’est la seule qui nous intéresse ici), des formes syntaxiques spécifiques. Sans entrer dans les détails, car la littérature au sujet de l’aspect linguistique des insultes est abondante[9], citons à titre d’exemple quelques constructions de ce type. Ainsi :
- les formules « espèce de + N » (en français) ou « ty + NVoc » (en polonais) présupposent que N sera un nom à caractère péjoratif ;
- un substantif désignant un défaut est souvent renforcé, dans le cadre d’une insulte, par l’adjonction d’un adjectif diminutif dévalorisant (ex. Pauvre con ! Petit mesquin !) et un adjectif, par un adverbe à valeur intensive amplifiante ou totalisante (Tu es complètement con ! Tu es réellement idiot ! Tu es vraiment stupide ! Tu es trop nul !) ;
- dans le cadre des comparaisons intensifiantes « Adj comme un N » / « Adj jak N », le caractère injurieux de l’adjectif dévalorisant est renforcé par l’emploi d’un parangon[10] du défaut en question (p. ex. moche comme un pou, sale comme un cochon, grosse comme une truie[11]).
L’intensification issue d’une comparaison se produit également dans des phraséologismes qui n’ont pas la forme d’une comparaison classique avec comme, à savoir dans les syntagmes nominaux N de Npar ou N AdjNpar (p. ex. avoir une patience d’ange, de bénédictin / une patience angélique, bénédictine = ‘avoir une très grande patience’ = ‘être très patient’). Cependant, toutes les propriétés ne se prêtent pas à être exprimées à travers toutes les structures intensifiantes disponibles, ou ne le sont qu’occasionnellement.
Ainsi, pour ce qui est de la bêtise comparée directement à celle d’une huître, le corpus frTenTen23 présente les chiffres suivants (Tab. 1) :
| Phraséologisme | Nombre d’occurrences | Phraséologisme | Nombre d’occurrences |
|---|---|---|---|
| bête comme une huître | 2 | intelligent[12] comme une huître | 1 |
| bêtise d’huître | 4 | intelligence d’huître[13] | 4 |
| bêtise d’une huître | 0 | intelligence d’une huître | 20 |
| bêtise huîtresque | 0 | intelligence huîtresque[14] | 0 |
Source : frTenTen2023
La formule : QI + de + (Dét) + huître recense à son tour (y compris toutes ses variantes)[15] 817 occurrences ; la domination de cette structure syntaxique est donc frappante. L’huître apparaît ainsi comme un parangon de la bêtise particulièrement approprié à la construction que nous nous proposons d’étudier – mais certainement pas le seul. Un regard rapide dans les corpus permet de constater que la structure est bien productive, et même si un certain pourcentage de résultats doit être éliminé car ils se réfèrent au QI en tant que mesure effective de l’intelligence (humaine ou – plus rarement – animale), la très grande majorité des occurrences, y compris celles comportant les substantifs [+humain], correspondent à l’emploi intensifiant.
La structure (avoir) le QI d’un(e) N peut, a priori, servir à intensifier aussi bien la bêtise (avoir le QI d’une fourchette ‘être très bête’) que l’intelligence (avoir le QI d’un ingénieur en aérospatial ‘être très intelligent’). Le rôle du parangon y est double : il spécifie la qualité et l’intensifie en même temps. L’examen quantitatif effectué à partir des corpus frTenTen20 et frTenTen23 nous a permis de constater que l’intensification méliorative est cependant minoritaire[16]. C’est donc désormais l’intensification du trait de bêtise (et non pas d’intelligence) qui va nous intéresser.
Dans ce qui suit, nous allons examiner la construction (avoir) le QI d’un(e) Npar du point de vue syntaxique, sémantique et pragmatique en la comparant à la structure analogue (mieć) IQ + Npar_Gén en polonais.
2. Syntaxe : structure de base et ses variations
On serait enclin à inclure dans la structure de base le verbe avoir, qui a l’avantage de permettre la paraphrase intensifiante de forme prédicative : avoir le QI d’un Npar = ‘être très bête’ (de même, en polonais : mieć IQ Npar_Gén = ‘być bardzo głupim/głupią’). Cependant, après un examen approfondi des occurrences du corpus force est de constater que le verbe avoir/mieć est loin d’être obligatoire ; il peut être remplacé par d’autres verbes (FR : posséder, mais aussi avoisiner, friser, frôler, dépasser... ; PL : surtout posiadać ‘posséder’) ou par des structures permettant d’exprimer la possession (FR : N avec le/ au QI de Npar ; PL : N z IQ Npar_Gén ou N o IQ Npar_Gén), et il peut aussi être omis. Le phraséologisme de base aurait donc la forme du syntagme nominal le QI d’un Npar / IQ Npar_Gén, pouvant ainsi apparaître à toutes les positions du nom dans la phrase.
Le Npar peut recevoir des expansions qui revêtent diverses formes, allant des plus simples aux plus complexes. En voici quelques exemples :
- Npar + SN : le QI d’une huitre joueuse de cornemuse (SN en apposition) ;
- Npar + Adj : le QI d’une huitre anémique, – d’un mouton mort, – d’un bulot cuit, – d’un blond peroxydé, – d’un mérou décongelé, – d’un moineau décérébré; plusieurs adjectifs peuvent être juxtaposés au sein du syntagme : le QI d’une huître belge trépanée, – d’une moule avariée consanguine ;
- Npar + SP : le QI d’un cheminot en grève, – d’une huitre en décomposition ; le syntagme prépositionnel peut être, à son tour, d’une complexité croissante : le QI d’un cafard sous la roue d’une voiture, – d’un footballeur après une série de têtes à l’entrainement, – d’une huître après un séjour prolongé sous une lampe à bronzer ;
- Npar +quP : QI d’une brique qui tombe du ciel, – d’un papillon de nuit qui a vu une lampe électrique, – d’une blonde qui vient d’avoir une idée ; la proposition subordonnée peut être réduite à une proposition participiale : le QI d’une huître restée ouverte en plein Sahara, – d’un N-boy commentant les charts.
Plusieurs Npar peuvent être juxtaposés ou coordonnés (cf. le QI d’une moule, d’un bigorneau, ou d’un bulot ; le QI d’un bulot, huître et autre[s] crustacés), et plusieurs types d’expansions peuvent être combinés au sein d’un SN développé, comme le montre l’exemple ci-dessous :
[1] le QI d’une huitre albinos souffrant de cataracte et des pieds plats sur le point d’être gobée par un vieux pépé prenant du viagra et portant des chaussettes en laine de mouton d’Écosse
Dans le corpus polonophone, ce sont les Npar sans expansion qui dominent. Les expansions recensées sont nettement moins variées ; elles consistent en l’ajout d’un adjectif (IQ torby foliowej ‘le QI d’un sac plastique’), d’un SNGén (IQ słoika majonezu ‘le QI d’un pot de mayonnaise’) ou d’un SP (IQ puszki po piwie ‘le QI d’une cannette de bière vide’). Notons aussi que les expansions les plus développées n’atteignent jamais la longueur de celles du corpus francophone[17].
3. Choix du parangon
Dans les corpus frTenTen20 et plTenTen19 nous avons recensé environ 150 parangons français et environ 200 parangons polonais ; la supériorité numérique du côté polonais semble due entre autres aux procédés morphologiques permettant de former facilement des diminutifs (p.ex. IQ ptaka / ptaszka / ptaszyny ‘QI d’un oiseau’, IQ żółwia / żółwika ‘QI d’une tortue’, etc).
Les paradigmes de parangons particulièrement productifs sont les suivants[18] :
- êtres humains réputés peu intelligents, dont :
- – personnages – fictifs ou réels – connus du large public (FR : François Pignon[19], Justin Bieber, Nabilla ; PL : Forrest Gump, Gołota[20], Kononowicz[21]) ;
- – humains désignés à travers leur bas âge (FR : un foetus, un enfant de 2, 6, 8 ans, un élève de CP... ; PL : noworodek, niemowlak ‘nouveau-né’, uczeń przedszkola ‘élève de la maternelle’...) ;
- – humains désignés par leur appartenance professionnelle ou idéologique (un CRS, un joueur de football, un animateur de radio libre, un militant d’extrême droite, un lepeniste... ; PL : bokser zawodowy ‘boxeur professionnel’...)[22] ;
- êtres à mi-chemin entre les humains et les animaux (FR : un homme de Cro-Magnon; un singe, un chimpanzé, un orang-outang... ; PL : neandertal ‘homme de Neanderthal’, małpa ‘singe’, szympans ‘chimpanzé’, pawian ‘babouin’...) ;
- petits oiseaux et volaille (FR : canari, moineau, poule, poulet, dinde, dindon... ; PL : drób ‘volaille’, kura ‘poule’, kurczak ‘poulet’, ptak ‘oiseau’, ptaszek ‘petit oiseau (diminutif)’, ptaszyna ‘petit oiseau (diminutif affectif)’...) ;
- animaux de grande taille et d’aspect lourd (FR : truite, vache... ; PL : hipopotam ‘hippopotame’, krowa ‘vache’, koń ‘cheval’...) ;
- petits animaux domestiques ou sauvages (FR : hamster, caniche, lapin, écureuil... ; PL : świnka morska ‘cochon d’Inde’, wiewiórka ‘écureuil’, tchórzofretka ‘furet’ ...) ;
- petits êtres vivants dotés d’un cerveau simple ou dépourvus de cerveau (insectes, vers, protozoaires...) (FR : amibe, bactérie, cafard, coléoptère, mouche drosophile... ; PL : ameba ‘amibe’, biedronka ‘coccinelle’, chrabąszcz ‘hanneton’, dżdżownica ‘ver de terre’, jamochłon ‘cnidaire’, rozwielitka ‘daphnie’, wciornastek ‘thysanoptère’…) ;
- objets (non-animés, donc par définition dépourvus d’intelligence), souvent appartenant à la catégorie des ustensiles ou meubles simples d’usage courant (FR : fourchette, brosse à dents, pince à épiler, table, chaise... ; PL : toster ‘grille-pain’, patelnia ‘poêle’, torba foliowa ‘sac en plastique’, stół ‘table’, taboret ‘tabouret’...) ;
- plantes et leurs parties[23] (FR : plante verte, branche de céleri, carotte, courge... ; PL : brzózka ‘bouleau’ (diminutif), trawa ‘herbe’, kaktus ‘cactus’, ogórek ‘concombre’...) ;
- aliments et plats (FR : poisson pané, patate, pot de yaourt, carpaccio de St-Jacques, beignet... ; PL : drożdżówka ‘brioche’, naleśnik ‘crêpe’, puszka sardynek ‘boîte de sardines’, pączek ‘beignet’...).
Comme on peut constater en examinant les listes ci-dessus, les mêmes paradigmes apparaissent dans les deux langues, et la ressemblance va jusqu’à l’identité de certains parangons.
La distribution des parangons parmi les grandes classes est presque la même dans les deux langues (cf. Fig 1), tandis qu’au niveau des sous-classes on note davantage de différences (cf. Fig. 2 et 3).
En ce qui concerne les différences, on peut constater que :
- les aliments et les plats constituent la catégorie la plus importante en français (le pourcentage serait encore plus élevé si l’on y incluait les parties comestibles des plantes), tandis qu’en polonais, ce sont les ustensiles et autres objets de la vie quotidienne ;
- le paradigme des « animaux aquatiques », qui inclut des mollusques et des crustacés (tels que huîtres, moules, bouleaux, pétoncles, etc.) ainsi que divers poissons, pas nécessairement les plus populaires (comme épinoche ou mérou), est particulièrement important en français, tandis que cette classe est très peu représentée en polonais. C’est une excellente illustration du caractère conventionnel des parangons, conditionné par les faits culturels (ici, la tradition française de l’ostréiculture et de la pêche, en particulier de la pêche à pied, ainsi que le rôle de ces aliments dans la cuisine) ;
- le paradigme des « animaux aquatiques » fournit également le parangon par excellence de la bêtise, à savoir l’huître (cf. Tab. 1), dont la domination numérique par rapport à d’autres parangons est incontestable (moule – le 2e parangon le plus fréquent – n’atteint que 25% de la fréquence de huître, et la 3e place est occupée ex aequo par bulot et poule dont la fréquence s’élève à peine à 9% de celle d’huître) ; le syntagme le QI d’une huître signifiant ‘le QI particulièrement bas’ semble donc être en voie de lexicalisation et devrait figurer dans les dictionnaires des phraséologismes. Le polonais, en revanche, n’offre pas de parangon dominant, et les parangons n’ayant qu’une occurrence dans le corpus sont nettement plus nombreux que dans le corpus francophone (la part de la créativité individuelle y serait-elle donc plus grande, ou ce phénomène serait-il tout simplement dû à la disproportion numérique des deux corpus ?).
4. Multiplication des éléments dévalorisants
L’étude des contextes permet de constater que le syntagme QI de Npar n’est souvent pas le seul élément dévalorisant, et ceci aussi bien dans le contexte immédiat que dans le contexte large (phrase, alinéa, voire plusieurs alinéas).
Ainsi, la même structure, coordonnée, sert à évoquer plusieurs défauts de l’insulté[24], cf. :
[2] [qq a] le QI d’une huître et la force d’un bulot ; – et la capacité de concentration d’un chiot ; – et le niveau orthographique d’un poulpe ; – et le talent littéraire d’un chimpanzé ; – et le teint verdâtre d’une algue moisie ; – et le vocabulaire d’un récureur de chiotte ; – et l’haleine plus chargée que son fusil ; le QI d’un bulot et la voix, crispante et piaillarde d’une pintade ; le QI d’un poulet et l’humour d’un poisson-chat ; le QI d’un cafard et l’odeur d’un putois.
Des éléments dévalorisants apparaissent aussi dans un contexte plus large ; leurs définitions issues du GR suffisent pour tout commentaire :
[3] Bref, cette rumeur vient d’un crétin[25] [GR : ‘personne totalement inintelligente, cour. personne sotte, stupide’] qui veut se faire mousser [GR : ‘mettre exagérément en valeur’] et qui a le QI d’une huître restée ouverte en plein Sahara....
[4] Par contre là où il est nul [GR : ‘sans mérite intellectuel, sans valeur’] c’est en revenant sur ces propos. Un peu triste sa. quel trou duc [GR ‘imbécile’] ce blaireau!!!!! [GR ‘personnage antipathique et borné’] il a vraiment le QI d’un playmobil je dirais meme [emploi argumentatif de même qui permet de graduer l’intensification] d’une huitre.
5. Étude d’un cas : le parcmètre comme parangon de bêtise
Le français et le polonais partagent un certain nombre de parangons de bêtise, dont nous avons choisi un, le parcmètre (en polonais, parkometr), apparaissant notamment dans les exemples ci-dessous :
[5] Et Alexandre Benalla continue : demande de port d’arme, obtenu, demande de carte d’entrée réservée à l’Assemblée nationale, obtenue – pour aller à la salle de sport, précise-t-il. On en vient à se poser une question : le sieur Benalla a-t-il le QI d’un parcmètre ? Mais lui vante ses qualités d’organisateur, ses conflits personnels avec les policiers affectés à la sécurité de la présidence [...]
[6] […] nie dość, że to Millennium się pomyliło i z jego winy powstała taka sytuacja, to jeszcze jakaś larwa o IQ parkometru z centrali strzela focha i robi łaskę – to już nie jest żenujące, to powinno być karane […] (‘non seulement [la banque] Millennium a commis une erreur et créé cette situation par sa propre faute, mais une larve de la centrale avec le QI d’un parcmètre en fait maintenant toute une histoire et montre sa supériorité ... ce n’est pas seulement embarrassant, cela devrait être puni[26]’).
Le choix du parangon est justifié à la fois par des facteurs conceptuels et contextuels. Quelles donc sont les caractéristiques d’un parcmètre ? Il a la silhouette qui ressemble à une humain, avec un « corps », une « tête » et un « visage » (cf. Fig. 4) ; cependant, contrairement à un humain, il n’est pas doté d’intelligence : sa « tête » se situe dans le paradigme conceptuel des récipients (qu’ils soient remplis d’une substance ou vides) représentés dans le corpus francophone par un pot à moutarde vide, un pot de chambre, un pot de yaourt, une citrouille, une noix de coco etc, et en polonais par doniczka (‘pot à fleurs’), czajnik (‘bouilloire’), konewka (‘arrosoir’), termos (‘bouteille thermos’), gaśnica proszkowa (‘extincteur à poudre’) etc. ; il a très peu de fonctionnalités ; son fonctionnement est automatique, rigide et inflexible (on ne discute pas avec un parcmètre !). Enfin, le scénario conceptuel dans lequel il fonctionne est plutôt négatif, car il fait penser à des restrictions et des contraintes pour les automobilistes, ainsi qu’à une surveillance constante des stationnements, ce qui peut engendrer un sentiment de mécontentement et de frustration concernant les règles de circulation et les frais associés.
Sources : https://codedelaroute.io/blog/horodateur-et-parcmetre/ ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Parcmètre, https://gloswielkopolski.pl/w-poznaniu- ; https://rynekglowny.pl/drugie-zycie-parkometrow-warszawa-sprzata-krakow-przyjmuje/
Dans les exemples (5) et (6), le choix du parcmètre comme parangon de la bêtise est justifié par toutes ces caractéristiques, car il se réfère à des personnes en position d’autorité, mais qui semblent manquer de compétence. Alexandre Benalla est présenté comme quelqu’un qui, malgré ses actions discutables et les privilèges qui lui ont été accordés, fait preuve d’une certaine naïveté ou d’un manque de discernement (il semble simplet, incompétent et incapable de comprendre la complexité de la situation dans laquelle il se trouve). L’employée de la banque, dont le comportement arrogant ou désinvolte face à une situation problématique fait penser à un manque de professionnalisme et de discernement, est par ailleurs désignée comme une ‘larve’ (ce qui fait allusion à un organisme simple, donc dénué d’intelligence). Dans les deux cas, la frustration sous-jacente du locuteur face à une figure d’autorité (qu’elle soit politique ou économique), limitée dans sa perception d’une situation complexe, peut être le déclencheur de la comparaison avec un parcmètre – appareil simple, bien qu’en apparence sophistiqué.
6. Valeur pragmatique
Dans le cas des insultes issues d’un corpus de textes en ligne, nous avons affaire à un type de discours spécifique qui combine les caractéristiques du discours oral et de l’écrit informel. Très souvent, ce discours ressemble à un dialogue oral (notamment, par son caractère interactif, par le rôle des émotions, le ton et le registre informels), mais en même temps, les conditions telles que le caractère asynchrone, un temps de réflexion plus long, la pérennité des énoncés (qui sont enregistrés et qui peuvent être relus aussi bien par les participants au dialogue que par des tiers) influencent sa forme.
Les insultes recensées sont dirigées vers l’interlocuteur, mais aussi vers soi-même (auto-dénigrement) ou vers une tierce personne. Ce dernier cas est relativement fréquent, à cause de l’accessibilité des échanges à un large public : l’insulté présumé peut facilement en prendre connaissance, soit parce qu’il participe lui aussi à l’échange, soit parce qu’il en a été informé.
Un autre trait caractéristique est la complexité des insultes examinées. L’échange oral se fait en présence constant de l’interlocuteur, « en temps réel » et sous l’influence des émotions fortes, par conséquent on a tendance à former des énoncés brefs, dont des insultes monolexicales[27]. Les échanges écrits laissent la place à la réflexion, qui aboutit à l’élaboration de structures plus complexes, ce qui est visible surtout dans le corpus francophone (cf. la description syntaxique des expansions dans le paragraphe 3) ; notons que le choix même d’une comparaison – et à plus forte raison, d’une comparaison indirecte[28] – en est la preuve. Pour la suivre et la déchiffrer correctement, il faut avoir un certain degré d’intelligence, ce que l’on nie chez l’insulté, mais que l’on présuppose chez l’interlocuteur, en créant avec lui une certaine complicité.
Le trait présent dans les deux langues, mais plus fréquent dans le corpus polonais, est le choix de parangons « savants » :
[7] Ich wspólna cecha to IQ wciornastka (Thyssanoptera), zajadłość turkucia podjadka (Gryllotalpa gryllotalpa) oraz chorobliwe “parcie na szkło” (‘Ce qu’ils ont en commun, c’est le QI du thrips [Thyssanoptera], l’acrimonie de la courtilière [Gryllotalpa gryllotalpa] et une morbide addiction à apparaître dans les médias’)
[8] Za to ty masz chyba IQ prokarionta, jeżeli w ogóle wiesz, co to jest! (‘Toi, tu as probablement le QI d’un procaryote, si tant est que tu saches ce que c’est !’)
L’insultant met en question l’intelligence de l’insulté par le choix du parangon connu seulement des spécialistes, des érudits, des personnes ayant une bonne culture générale (sous-entendu : au nombre desquelles il appartient lui-même). Il se valorise ainsi face à son public (en y incluant son interlocuteur, lorsque l’insulte porte sur un tiers), tout en dévalorisant son adversaire.
Conclusion
Dans le cadre restreint du présent article, nous n’avons pas épuisé toute la richesse des observables ; cependant, quelques conclusions s’imposent d’ores et déjà.
L’analyse du fonctionnement de la structure étudiée en français et en polonais met en lumière la richesse des stratégies linguistiques utilisées pour exprimer le mépris et la dévalorisation. En dépit de certaines différences constatées, les mécanismes du recours aux parangons de bêtise témoignent de tendances universelles qui dépassent les frontières linguistiques et culturelles.
L’étude comparée de ces parangons révèle comment les éléments de culture et de contexte peuvent influencer le choix des références injurieuses. Les exemples étudiés permettent de voire de près les particularités culturelles qui infusent la langue et façonnent la communication. Ainsi, chaque insulte devient un reflet de nos préoccupations socioculturelles et de nos connaissances extralinguistiques.
Les résultats de l’étude soulignent l’importance de la pragmatique dans l’analyse des insultes. Les échanges en ligne, avec leur nature asynchrone et réfléchie, permettent une complexification des insultes qui invite à une « sociabilité linguistique ». Ainsi, l’insulte devient un moyen non seulement de dévaloriser l’autre, mais aussi de renforcer des liens sociaux au sein d’une communauté linguistique.
Enfin, notre étude ouvre la voie à une recherche future plus extensive sur d’autres langues et contextes. Une telle exploration pourrait enrichir notre compréhension des dynamiques sociales et linguistiques sous-jacentes à l’utilisation des insultes et à la construction de l’identité dans un monde de plus en plus interconnecté. En examinant les variations sémantiques des insultes et leur impact sur les relations interpersonnelles, nous pourrions saisir comment le choix des parangons et les structures syntaxiques spécifiques influencent la perception de l’intelligence. De plus, l’analyse des constructions syntaxiques associées aux insultes mettrait en lumière les différences et similitudes dans les mécanismes d’intensification et de dévalorisation au sein des différentes langues. En intégrant des perspectives sémantiques et syntaxiques dans cette recherche, nous serions mieux équipés pour comprendre comment les insultes fonctionnent comme des outils à la fois d’expression et d’identité, reflétant non seulement des attitudes individuelles, mais aussi des normes socioculturelles.
Sigles et abréviations
Adj – adjectif
AdjNpar – adjectif dénominal dérivé d’un parangon
N – substantif
Npar – substantif désignant un parangon
Npar_Gén – substantif désignant un parangon au cas génitif (en polonais)
NVoc – substantif au cas vocatif (en polonais)
quP – proposition subordonnée
SN – syntagme nominal
SP – syntagme prépositionnel
Autorzy
Bibliographie
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Desmons, Éric, Paveau, Marie-Anne (éds) (2008), Outrages, insultes, blasphèmes et injures : violences du langage et polices du discours, Paris, l’Harmattan
Ernotte, Philippe, Rosier, Laurence (2004), « L’ontotype: une sous-catégorie pertinente pour classer les insultes ? », Langue française, vol. 4, p. 35-48, https://www.cairn.info/revue-langue-francaise-2004-4-page-35.htm?try_download=1, consulté le 20/03/2023 ; https://doi.org/10.3406/lfr.2004.6806
Fracchiolla, Béatrice (2017), « L’insulte et l’injure vues comme genres brefs, et leur mise en discours », Colloque international Le genre bref : son discours, sa grammaire, son énonciation, Département de Lettres Françaises de l’Université Aoyama Gakuin (Tokyo), Tokyo, Société de Lettres Françaises d’Aoyama (Tokyo), p. 173-188
Fracchiolla, Béatrice, Rosier, Laurence (2019), « Insulte », Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, https://hal.univ-lorraine.fr/hal-02049440, consulté le 20/03/2023
Januchta, Tomasz (2023), L’intensification de la notion de stupidité à travers la construction « avoir le QI d’un(e) N » : aspects syntaxiques, sémantiques et pragmatiques, mémoire de master, non publié, Université de Varsovie
Lagorgette, Dominique (éd.), (2009), Les insultes en français : de la recherche fondamentale à ses applications (linguistique, littérature, histoire, droit) [actes du colloque tenu les 30 mars – 1er avril 2006 organisé par le Laboratoire Langages, littératures, sociétés de l’Université de Savoie], Chambéry, Université de Savoie
Lucy, Éric (2021), « Les conditions sociales de l’efficacité performative de l’insulte », Empan, no 124, p. 130-135, https://doi.org/10.3917/empa.124.0130
Robert, Édouard (2004a), Dictionnaire des injures, Paris, 10-18
Robert, Édouard (2004b), Traité d’injurologie, Paris, 10-18
Romero, Clara (2017), L’intensité et son expression en français, Paris, Ophrys
Rosier, Laurence (2009), Petit traîté de l’insulte, Bruxelles, Labor
Ruwet, Nicolas (1982), Grammaire des insultes et autres études, Paris, Seuil
GR = Grand Robert de la Langue Française
TLFi = Trésor de la Langue Française informatisé
Notes
- 1 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32077, consulté le 30/05/2023, c’est nous qui soulignons.
- 2 « Art. 216. § 1. Kto znieważa inną osobę w jej obecności albo choćby pod jej nieobecność, lecz publicznie lub w zamiarze, aby zniewaga do osoby tej dotarła, podlega grzywnie albo karze ograniczenia wolności » https://arslege.pl/zniewazanie-osoby/k1/a11656/, consulté le 30/05/2023 ; trad. T. J.
- 3 https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/insulte/
- 4 Non annotés dans notre article, car toutes les métadonnées sont fournies par les corpus consultés.
- 5 Ces corpus comptent respectivement environ 15 milliards et 23 milliards de mots ; ils sont basés sur les ressources web et – comme tous les corpus de la famille TenTen – couvrent une grande variété de genres, de sujets, de types de textes et de sources.
- 6 Respectivement, presque 8 milliards et plus de 4 milliards de mots ; leur taille étant inférieure à celle des corpus de langue française, la comparaison entre les deux langues ne peut porter que sur la fréquence relative, et non pas sur le nombre d’occurrences.
- 7 Corpus Query Language, un langage d’expression de requêtes permettant de rechercher des structures syntaxico-lexicales dans un corpus étiqueté.
- 8 La fréquence relative supérieure à celle en français notamment à cause d’un grand nombre de noms propres (noms de marques, de sociétés etc.).
- 9 La littérature du sujet étant bien abondante, nous ne citons que les travaux qui nous ont directement inspirés lors de cette recherche, à savoir : Ruwet, 1982 ; Ernotte & Rosier, 2004 ; Robert, 2004a ; 2004b ; Desmons & Paveau, 2008 ; Lagorgette, 2009 ; Rosier, 2009 ; Bravo, 2015 ; Ambroise, 2018 ; Lucy, 2021.
- 10 C’est-à-dire d’un exemplaire type de la propriété en question ; son choix dans un contexte donné est conditionné aussi bien par la langue (et les stéréotypes qu’elle véhicule) que par la structure syntaxique où il apparaît.
- 11 Notons que les parangons sont ici eux-mêmes dévalorisants.
- 12 Signifiant, par antiphrase, ‘bête’ (cf. « Deborsu qui est intelligent comme une huître est pourtant celui qui donne le la dans les rendez-vous dominicaux » = ‘Deborsu qui est très bête [...]’ ; source : frTenTen23).
- 13 Par antiphrase : ‘bêtise’ (cf. « ça c’est la réflexion [si on peut utiliser ce terme] d’un gars qui a une intelligence d’huitre [désolé pour les huitres] » = ‘[...] un gars qui est d’une très grande bêtise [...]’ ; source : frTenTen23).
- 14 L’adjectif « huîtresque », bien qu’absent des dictionnaires, apparaît dans le web francophone (recherche du 19.09.2024 avec le moteur de recherche Google).
- 15 Nous avons utilisé la formule CQL : word = « QI » + lemma = « de » + tag = « D.* » + lemma = « huître| huitre », qui prend en considération l’absence ou la présence du déterminant (défini ou indéfini), la variation quant au nombre ainsi que les graphies « huître » et « huitre ».
- 16 Les parangons de l’intelligence récurrents sont des intellectuels célèbres (p.ex. Albert Einstein ou Léonard de Vinci) ou encore des métiers exigeant des compétences intellectuelles élevées (p. ex. astrophysicien ou ingénieur de la NASA).
- 17 Le syntagme le plus développé est IQ pleśni na okruszkach spod klawiszy na klawiaturze (‘le QI de la moisissure sur les miettes sous les touches du clavier’).
- 18 Les points de suspension signalent que les paradigmes sont ouverts, et d’autres exemples sont attestés dans les corpus ainsi que dans le web.
- 19 Personnage de fiction créé par le réalisateur François Veber.
- 20 Andrzej Gołota, ancien boxeur professionnel polonais.
- 21 Krzysztof Kononowicz, activiste et streamer polonais, célèbre pour son style unique et son passé politique atypique.
- 22 Notons le rôle des stéréotypes qui attribuent un défaut à tous les représentants d’un groupe, par exemple ceux ayant un physique particulier (cf. FR : une blonde). La force de ce stéréotype se laisse ressentir dans le cas du parangon souvent évoqué dans le corpus polonais : Doda Rabczewska, chanteuse pop dont le physique correspond au stéréotype d’une blonde (« belle mais bête »), mais qui a un QI très élevé, apparaît aussi bien dans des contextes péjoratifs que mélioratifs. Cela prouve par ailleurs que c’est justement l’intention d’insulter – ou son absence – qui décide de l’interprétation de la structure étudiée comme une insulte ou une louange.
- 23 Dont fruits et légumes que l’on pourrait aussi bien inclure dans le paradigme des plats et aliments.
- 24 Construction fréquente en français ; en polonais, nous n’en avons trouvé qu’une occurence ([...] jej wybranek ma IQ rośliny i [...] ptaszka koliberka w gaciach (‘son élu a le QI d’une plante, et un colibri de zizi dans la culotte’).
- 25 C’est nous qui soulignons.
- 26 Trad. T. J.
- 27 Sur les insultes en tant que genre discursif bref, voir Fracchiola (2017).
- 28 Dans être bête comme SN, la bêtise est nommée explicitement à travers l’adjectif, et intensifiée à travers l’évocation d’un parangon (p. ex. un âne). La construction (avoir) le QI d’un(e) N sert à exprimer le même contenu sémantique, mais la qualité intensifiée y est évoquée de façon indirecte : le parangon y spécifie à la fois la qualité (‘intelligence’), son rapport à la norme (‘basse intelligence’) et l’intensifie (‘très basse intelligence’).